The Kissing Booth : c’était pas ma tasse de thé mais…

The Kissing Booth (2018) un film romantique pour ados réalisé par Vince Marcello

Contexte : pourquoi j’en parle ?

Apparemment, ce film a eu du succès. J’en ai entendu parler grâce à l’article que j’ai lu sur Madmoizelle. Mon verdict ? Ouah, je ne suis clairement pas le public visé, d’où ma déception. Je vais donc aborder ici :

  • les défauts du film,
  • ses qualités,
  • et des réflexions plus personnelles.

Ce que j’ai trouvé décevant

Plein de choses ! Tout d’abord, j’ai eu le malheur de voir le même jour un autre film pour ado : To all the boys I’ve loved before. Eh bien, The Kissing Booth a souffert de la comparaison que je n’ai pu m’empêcher de faire. Premier constat : le casting archi-blanc.

Dans l’autre film, l’héroïne est métisse coréenne-américaine et c’était hyper rafraîchissant de ne pas avoir une blanche en casting principal. On n’en faisait pas non plus des brouettes, hein, la meuf est racisée et mène sa vie tranquillement. Le sujet n’est pas le racisme mais c’est juste une ado qui se soucie de sa vie romantique.

Mais c’est important de représenter des minorités dans des situations banales, et pour une fois pas hyper dramatique. Cela a l’air con dit comme ça, mais ça nous rappelle qu’on peut nous aussi avoir accès à une vie « normale » sans que ça soit tout le temps lié à nos différences et nos difficultés « d’intégration »

Or, The Kissing Booth à côté manque clairement de diversité. Ok, ça peut être un divertissement sans prise de tête donc ce n’est pas obligé de diversifier le casting. Limite, qu’est-ce que j’avais à faire aussi de regarder ce film qui ne m’est pas destinée ? Eh bien, je pensais me divertir comme tout le monde mais après je ne peux pas empêcher ma tête d’analyser tout ce que je vois… donc je veux bien prendre cette part de responsabilité.

Une fois que j’ai compris que j’allais voir une certaine frange de la population représentée (à savoir = des blancs hétéro* qui mènent une vie aisée – pourtant à Los Angeles, il y a beaucoup d’immigrés donc pourquoi ne montrer que des blancs ?), je pouvais me concentrer sur le thème du film. Une comédie romantique pour ado, j’adore ça, il y a des codes et c’est marrant, film après film, de voir comment chaque réalisateur et réalisatrice fait sa sauce.


*Ah, si, on aperçoit deux homo blancs qui se lancent des clins d’œil mais ça ne pèse pas lourd niveau représentations, hein.


Sauf que… les relations sont catastrophiques. Et ça, ça ne pardonne pas ! Que ça soit un film pour ado (en principe) n’empêche pas qu’on fasse attention à ce qu’on véhicule comme clichés. Du coup, la féministe en moi s’est réveillée et a râlé copieusement tout le long du film.

Pour résumer et sans spoiler, j’étais très gênée que l’héroïne se contredise à tout bout de champ et se laisse dicter sa conduite par les 2 mecs. Et encore, qu’elle dise une chose puis en fasse une autre, je peux le comprendre, qui n’a jamais été confus•e dans sa vie ?

Là où ça devient problématique, c’est qu’elle donne comme exemple celui d’une jeune femme qui suit toutes les normes contre lesquelles on essaie en vain de se débarrasser aujourd’hui. A savoir : recevoir des commentaires sur son physique sans réagir, on ne tient pas compte de ce qu’elle dit et tous les mecs débarquent en mode « chevalier en armure brillante » = vas-y que je t’infantilise, tu n’es pas capable de te défendre seule, femme !


Édit du 20 février 2019 : en fait je ne suis pas fondamentalement contre le fait que les hommes réagissent et aident les femmes quand ces dernières sont embêtées par des gros relou mais y’a d’autres manières d’intervenir que de se foutre direct sur la gueule avec la personne.

Néanmoins, y’a du positif (si, si)

Loin de moi l’idée de ne cracher que du négatif, je tiens à souligner les bons points. Le premier est que l’héroïne reste quand même sacrément attachante. Son amitié avec ce garçon qu’elle connaît depuis toujours fait un peu rêver (si on enlève le passage où il la considère comme sa chose – fais une thérapie, mec).

J’aime l’enthousiasme de cette fille, ses fringues pas trop girly (en soit, rien de mal à en avoir mais ça change, quoi) et le fait qu’elle ne voit aucun problème à rigoler un bon coup avec son pote. Dommage qu’elle soit sensible à la clique de filles populaires du lycée et qu’elle ne s’affirme pas en les envoyant chier. Se mettre à boire juste parce qu’on te le demande et que t’oses pas refuser face à des gens populaires, c’est triste* !


*Je réalise que tout le monde n’arrive pas à rester fidèle à lui-même ou elle-même face à la pression du groupe.


Autre point que j’ai apprécié, pour une fois on voit une héroïne qui s’envoie en l’air sans complexe sans atterrir direct dans 1) une moralisation 2) une tournure dramatique. Et ça, c’est une nouvelles fois très important. Oui, les jeunes filles peuvent avoir une sexualité sans que ça soit diabolisé ou que ça tourne au film social. Bravo !

Pour aller plus loin

Et quand je mets ce titre, c’est que je sors du cadre du film. Je ne regrette pas d’avoir regardé The Kissing Booth même si j’ai levé les yeux au ciel un nombre incalculable de fois. Ce n’est jamais une perte de temps que d’observer ce qui plaît aux autres, cela me permet de mieux comprendre la société dans laquelle je vis.

J’aime beaucoup me remettre en question, comparer mes expériences avec celles des autres. C’est aussi une manière de passer au-delà de la critique pure et dure. Descendre quelque chose en flammes juste pour le plaisir d’être mesquin•e ça n’apporte rien. Grâce à ce film, je peux mieux comprendre ce qui plaît à une majorité de personnes, ce qui explique ma sensation de décalage avec les autres.

J’aimerai également vous parler un peu de l’autrice qui est à l’origine du film. En effet, l’histoire a d’abord été publiée sur Wattpad, plateforme connue pour ses fanfictions ou récits Young Adult. D’ailleurs, lors du visionnage je ne savais pas que ça venait d’un bouquin et je me disais « la vache, ce film a l’air tout droit sorti d’un récit écrit par une ado… » Bingo !

Bref, outre le fait que je suis contente d’avoir tapé juste, j’étais curieuse de voir la personne qui a pondu cette histoire. Il se trouve que Beth Reekles a fait une conférence TEDx :

Sous-titres en anglais disponibles !

Et vous savez quoi ? Je suis très heureuse d’avoir regardé son intervention. J’ai beau ne pas être le public visé et ne pas aimer ce qu’elle écrit, je la rejoins sur ce point : il faut faire exister ses idées et innover si on ne trouve pas ce qui nous convient dans un domaine.

Justement, moi qui critique tous ces films que je juge sexistes, racistes et pauvres en représentations, qu’est-ce que je fais ? Rien. Pour l’instant.

Conclusion ?

The Kissing Booth ne sera pas ma comédie romantique préférée pour ado mais merci pour la réflexion que ça m’a apportée. Beth Reekles a osé se lâcher pour écrire quelque chose qu’elle aurait aimé lire et je trouve cela admirable.

Maintenant, j’ouvre grand mes petites oreilles pour écouter votre avis sur ce film ou si vous voulez rebondir sur ce que vous venez de lire !

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